La Bio-inspiration au service des politiques publiques
Les principes du vivant - robustesse, résilience, optimisation, interactions, coopération, innovation, adaptation pour ne citer que les principaux - offrent de véritables opportunités, méthodologiques et stratégiques pour revoir nos manières de faire et ainsi transformer nos organisations.
En effet, avec la multiplication et l’accélération des interactions, le territoire métropolitain et les collectivités sont devenus des systèmes complexes imprévisibles. Leur capacité de transformation diminue lorsque, en temps de crise, ils sont régis par des stratégies de performance et d’optimisation.
En intégrant les principes du vivant, la bio-inspiration rend possible une nouvelle pensée de l’écosystème, de la ville et de ses interactions.
Le marathon
Pour explorer, questionner et proposer de nouvelles pistes d’usages appliqués à la sphère publique, Erasme a organisé, en partenariat avec le DSAA de Villefontaine, de CREA Mont-Blanc, d’Holomea et de l’Université de Lyon, un sprint d’innovation ouverte. Il a rassemblé du 14 mars au 1er avril, une soixantaine d’acteurs aux profils variés : chercheurs en bio-diversité, en modélisation, en botanique ou en biologie, designers, entrepreneurs et étudiants.
Durant ces trois semaines et donc dans le cadre d’une démarche visant à décloisonner les pratiques d’innovation, les étudiants ont imaginé des réponses concrètes aux problématiques apportées par les chefs de projets, donnant jour à 7 prototypes testables, susceptibles de répondre aux défis du territoire métropolitain et de réintroduire le vivant comme acteur des politiques publiques.
Une semaine d’inspiration
Le premier jour du marathon, le 14 mars, paraissait être une journée bien chargée ... c’était méconnaître le rythme des jours suivants !
Les interventions se succèdent. Lors de la première plénière matinale, Olivier Hamant et Irene Alvarez apportent des informations sur les principes de la bio-inspiration : le premier rappelle que la résilience du vivant se construit contre la performance et avec la multiplication des interactions tandis qu’Irene Alvarez, expérimentations à l’appui, démontre qu’il n’existe pas d’opposition entre nature et culture ; les humains et les non-humains font partie d’un écosystème vaste régi par des interdépendances multiples.
Pour inscrire les réflexions dans le cadre de l’action publique, Christine Ebadi revient sur le fait qu’une organisation produit des solutions qui lui ressemblent mais qu’il est aussi possible de changer de modèle.
Les équipes parcourent alors l’Urban Lab - showroom et espace Crea - pour découvrir quelques principes du bio-vivant et revenir notamment sur toutes les stratégies : locales, collectives, temporelles, de résilience, de construction.
Après cette inspiration et cette plongée dans les principes du vivant, les équipes se forment. Attention, il ne s’agit pas uniquement de jaser mais de collaborer, d’interagir. Cela coasse, cela craquette, cela zinzibule. Que de robustesse, de résilience, d’adaptabilité pour cerner les écosystèmes et traiter de sujets variés et complexes, de l’aménagement de la place Mazagran en passant par l’isolement des personnes âgées jusqu’à l’apaisement de la Presqu’île, la perméabilité de la ville ou en interrogeant ce que sont le Pôle Pixel, Tubà ou les Maisons de la Métropole.
Nous voici donc embarqués sur le même navire pour trois semaines de foisonnement. Les idées bio-inspirées fusent, les méthodologies abondent : une fois les persona et donc les parcours utilisateurs déterminés, quelles stratégies adopter ? Seront-elles circulaires ou collectives ? Feront-elles preuves de résilience ou de robustesse ? Seront-elles soutenables ? Faudra-t-il s’en remettre au hasard ? Tous ces principes sont énoncés sur les posters et les cartes actions qui servent de base, au même titre que le design systémique, les cartes tendances, l’éco diagnostic bio-inspiré, à de premières inspirations.
Plus tard, Tri Nguyen-Huu (chercheur à l’IRD) aborde la question de la bio-inspiration et de la modélisation, tandis que Bernard Kaufmann attire notre attention sur le fait que la bio inspiration porte ses propres limites, pouvant être amorale, manipulée “contre l’humain” et finalement, "contre le vivant".
Nous retrouvons aussi Arnaud Grignard, ingénieur de recherche,qui nous inspire à travers deux dispositifs pour rendre vivante la donnée : la maquette augmentée et CityScope (photo ci dessous).
Deux semaines de marathon pour prototyper
Le diagnostic posé, la course commence. Le showroom et la techshop se transforment en une véritable ruche où les designers, les experts se succèdent. Dans un va-et-vient constant et un bourdonnement permanent, ils volent d’une équipe à une autre, conseillent, accompagnent l’ensemble du processus jusqu’à la mise en place d’un dispositif concret, abouti et testable.
Le rythme s’accélère : qui peint les derniers éléments, qui développe le logiciel, qui réalise des branchements ... jusqu’à la restitution.
Cent personnes, experts, journalistes et professionnels, assistent à cette restitution et perçoivent la qualité des projets qui, dans un processus d’incubation à venir, seront peut-être portés par les directions métiers de la Métropole ainsi que par Tubà et Pôle Pixel, dans une dynamique de recherche, de développement et de déploiement sur l’espace public.
Rapport d’étonnement
Sortir d’une approche anthropocentrée est l’une des orientations partagée par tous les participants qui déploient toute leur ingéniosité et leurs compétences pour appliquer les principes du vivant à des dispositifs destinés à être dans l’espace public. Décentralisation et coopération pour mener un projet local, rituels permettant de susciter du lien ou zoochorie favorisant la diversité sont certains des aspects mis en exergue pour favoriser les relations, développer les réseaux de communication et répondre aux différents problématiques soumises par les porteurs de projet.
Voilà, il n’est plus temps de jacasser … clap final, c’est le moment de souffler.
Retrouvez en ligne les 7 projets documentés et encore merci à tous les participants et à tous les partenaires.
Photographe Jérémy Cuenin / Métropole de Lyon